Dans un contexte de changements irréversibles, où les perturbations touchant les écosystèmes ne sont que les effets visibles d’un enjeu plus vaste, une révision du concept d’écologie s’impose. Le philosophe Félix Guattari, dans son ouvrage Les trois écologies, évoquait en 1989 le mot écosophie comme appel au besoin d’intégrer une dimension éthico-politique et esthétique dans l’articulation du sens d’écologie globale. Si l'étymologie grecque du terme écosophie renvoie à la « sagesse de l’habiter », ce concept a-t-il évolué dans les dernières décennies, alors qu’une progressive dégradation des écosystèmes a mené à la définition de l’ère de l’Anthropocène, et lorsque les technologies de l'information ont évolué de manière exponentielle touchant tous les aspects de la vie humaine et non humaine sur la planète?
La « région ressource » de l'Abitibi-Témiscamingue , où les effets des activités anthropiques liées à l’industrie minière, à l’agriculture, à la production d’hydroélectricité ou encore à la foresterie ont provoqué des perturbations non négligeables sur le territoire qui appauvrissent la biodiversité et polluent des écosystèmes entiers, pourrait offrir la possibilité d'expérimenter un échange fructueux entre technologies de pointe, humains et non humains dans le but de préserver et de restaurer des milieux dégradés. Ce projet se concentrera sur les « milieux humides » de l'Abitibi-Témiscamingue auxquels on attribue, au même titre que la forêt boréale, un rôle essentiel dans l'absorption du carbone et de l’azote. Si les technologies favorisent aujourd’hui la surveillance des écosystèmes et l’analyse des comportements des espèces végétales et animales, pouvons-nous nous servir des outils numériques pour parvenir à une conservation programmée des écosystèmes? Et quelles solutions architecturales pourraient, avec l’aide d’une utilisation intelligente de la technologie, favoriser l’aménagement écosophique du territoire?